L'essentiel en bref:

Empoisonnement sournois aux plastiques

Les microplastiques sont malheureusement omniprésents. Désormais, le plastique se retrouve dans les sols, les eaux douces, à toutes les profondeurs dans les mers et dans tous les être vivants possibles. Des microplastiques ont déjà été détectés dans des poissons, des coquillages, de l’eau potable, du lait, du miel ou du sel.
octobre 29, 2019
Georg Odermatt

Les microplastiques sont des particules de plastique d’un diamètre inférieur à 5 millimètres. L’institut Fraunhofer en Allemagne a calculé les quantités que chaque personne rejette dans l’environnement par année.

Quantités de microplastiques dans l’environnement, chiffres pour l’Allemagne)[1]

SourceQuantité annuelle par personne (en grammes)
Usure des pneus de voitures, véhicules de livraison, camions etc. *1’229
Élimination des déchets
Asphalte
303
Asphalt228
Granulés de matière plastique182
Terrains de sport et aires de jeux132
Chantiers117
Semelles de chaussures109
Emballages en matière plastique  99
Marquage routier au sol  91
Lavage des textiles  77
Total2‘567

Il n’est donc pas surprenant que des microplastiques ont aussi été retrouvés récemment dans des échantillons de selles humaines[2]. Dans le monde en moyenne, un homme absorbe jusqu’à cinq grammes de microplastiques par semaine – autant qu’une carte de crédit. Parmi les sources de telles particules plastiques figurent les scampis, les crevettes ou les coquillages qui sont consommées avec les organes internes. Le plastique contient aussi le plus souvent d’autres substances toxiques telles que des agents adoucissants, des composés styréniques et des phtalates. Beaucoup d’entre elles sont considérées comme cancérogènes ou perturbateurs endocriniens. D’autres substances organiques s’accumulent en outre à la surface des microparticules, dont de nombreuses substances toxiques persistantes, difficilement dégradables, comme par ex. des hydrocarbures chlorés de pesticides[3]. Lorsque des microplastiques arrivent dans le corps humain ou l’organisme animal, ces poisons fixés exercent leurs effets toxiques dans le métabolisme ou dans certaines cellules.

Attention à l’abrasion des pneus!
’usure des pneus représente de loin la plus grande part des microplastiques dans l’environnement soit environ 50 pour cent! La prudence est donc de mise. Il est particulièrement préoccupant de constater que les pneus de voiture contiennent environ 24 pour cent et les camions 14 pour cent de ce qu’on appelle le «caoutchouc synthétique» à base de pétrole[4]. L’abrasion des pneus engendre de très fines particules en grandes quantités qui sont libéréres dans l’environnement et sur les denrées alimentaires (par ex. sur un champ de salades)[5]. Nous inhalons de telles particules ou les ingérons à travers de la nourriture contaminée. Il n’est pas non plus exclu que des parties de molécules ou des molécules entières soient absorbées dans la lymphe ou dans le sang et menacent notre santé, en particulier parce que le caoutchouc synthétique est constitué d’hydrocarbures aromatiques, qui sont globalement cancérogènes.

Que faire? Réduire la mobilité, collecter les déchets!
En tant que consommateur et consommatrice, nous avons de nombreuses possibilités de réduire les rejets de microplastiques dans l’environnement[6]. En ce qui concerne l’abrasion des pneus, véhicules de livraison, camions etc., il vaut la peine de parcourir moins de kilomètres, et avec ces moyens de transports: utiliser les transports publics, privilégier le vélo ou les parcours à pied, ne pas commander de petites quantités sur internet qui sont livrées par camion, etc. Le ramassage des déchets – les siens ou ceux d’autres personnes – réduit aussi la pollution plastique de l’environnement.

Acheter sans plastique
Et enfin les achats: oui, il est utile de faire des achats avec le moins possible d’emballages plastiques. Même si ces derniers finissent chez nous dans un incinérateur et qu’aucun microplastique ne se retrouve ainsi dans l’environnement. Car les emballages plastiques contiennent des additifs toxiques qui parviennent certes en petite quantité, mais en permanence, dans la nourriture. Ensuite il vaut la peine d’acheter des textiles en coton, laine, soie, chanvre, lin ou viscose, sinon les fibres synthétiques non dégradables finissent dans nos eaux en passant par notre machine à laver le linge et la station d’épuration des eaux usées. Les microplastiques peuvent enfin facilement être évités dans les produits cosmétiques (shampoing, gel douche, dentifrice, etc.) et n’achètant pas de tels produits et en employant des cosmétiques naturels.

Qu’en est-il en Suisse?
Plusieurs pays ont déjà pris des mesures. Par exemple les États-Unis, la Grande-Bretagne, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont interdit la vente de produits cosmétiques avec de microparticules. L’Union européenne a elle aussi déjà pris des mesures pour réduire les microplastiques en janvier 2018 et a proposé en mai 2018 une interdiction des 10 particules de plastiques jetables les plus courants. Quant à elle, la Suisse n’a toujours pas reconnu la nécessité d’agir. Le Conseil fédéral a rejeté une interdiction: les microplastiques ne sont pas dangereux. La Suisse ne veut pas non plus suivre l’interdiction des plastiques de l’UE..

Sources complémentaires d’informations en français: https://www.frc.ch/plastique-le-greenwashing-nuisible-de-loxo/ https://vsashop.ch/img/A~Fran%C3%A7ais/3/2018.pdf?xet=1548688295341 Source d’informations allemand: https://www.konsumentenschutz.ch/mikroplastik-was-tun-gegen-das-problem/

[1] https://www.forschung-und-lehre.de/forschung/fraunhofer-identifiziert-quellen-von-mikroplastik-983/
[2] https://science.orf.at/stories/2943085/
[3] https://de.wikipedia.org/wiki/Mikroplastik
[4] https://www.umweltbundesamt.de/sites/default/files/medien/377/dokumente/stoffstrom_altreifen_tyr.pdf
[5] Berichte der Bundesanstalt für Straßenwesen, Verkehrstechnik, Heft V 165:
Ermittlung des Beitrages von Reifen-, Kupplungs-, Brems- und Fahrbahnabrieb an den PM10 Emissionen von Strassen, S. 9 (https://bast.opus.hbz-nrw.de/opus45-bast/frontdoor/deliver/index/docId/215/file/V165.pdf)
[6]  Vgl. dazu etwa die Ideen auf der Website des WWF (https://mobil.wwf.de/fileadmin/fm-wwf/Publikationen-PDF/WWF-Report-Aufnahme_von_Mikroplastik_aus_der_Umwelt_beim_Menschen.pdf)

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