UE: la chimie recherchée pour et non contre l’homme

Dans sa stratégie économique du Green Deal, la Commission européenne décrit comment l’économie européenne doit évoluer vers une économie circulaire durable et climatiquement neutre d’ici 2050. L’industrie chimique y joue un rôle très important. En effet, les produits chimiques menacent aujourd’hui l’homme et l’environnement.
février 16, 2022
Georg Odermatt

Prendre soin de l’homme et de l’environnement

Les scientifiques trouvent de plus en plus de produits chimiques dangereux dans le sang humain, les tissus corporels et même dans le placenta, notamment des pesticides et leurs produits de dégradation, des médicaments, des métaux lourds, des plastifiants et des retardateurs de flamme. Même des bébés dans le ventre de leur mère reçoivent plusieurs poisons, ce qui fait qu’ils grandissent moins bien et meurent plus souvent[i]. De nombreux produits chimiques sont cancérogènes, endommagent le système immunitaire, le système respiratoire, le système endocrinien, le système reproducteur ou le système cardiovasculaire, affaiblissent la résistance de l’homme et sa capacité à réagir aux vaccins ou augmentent sa vulnérabilité aux maladies[ii] [iii]. La pollution de l’environnement par ces poisons a également des effets dévastateurs sur les petits animaux tels que les oiseaux, les chauves-souris, les poissons, les amphibiens et les insectes pollinisateurs. Des produits chimiques sont aussi la principale cause de la destruction des habitats et de la perte de biodiversité. Les produits chimiques sont en partie responsables du changement climatique. 84 % des citoyens de l’UE s’inquiètent des effets des substances chimiques contenues dans les produits de consommation courante sur leur santé et 90 % s’inquiètent de leur impact sur l’environnement[iv].

Besoin de plus de données

D’ici 2030, la production de produits chimiques devrait doubler dans l’UE[v]. C’est notamment de là que dérive la nécessité d’une « Stratégie pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques » de l’UE. Le texte de 40 pages laisse entrevoir à quel point il est difficile et compliqué d’améliorer la législation en la matière [vi]. Les nouvelles exigence doivent entre autres être intégrées[vii]: il faut surtout disposer de plus de connaissances pour une homologation. Il faut davantage de données sur la manière dont les substances à enregistrer agissent, particulièrement si elles peuvent provoquer le cancer ou avoir un effet néfaste sur le système nerveux ou les défenses immunitaires de l’homme. Les polymères synthétiques dangereux doivent également être répertoriés, parmi lesquels des matières plastiques comme le polyéthylène, le polystyrène et le chlorure de polyvinyle. Quel est l’effet d’un produit chimique donné sur l’environnement? On en sait encore trop peu à ce sujet et il convient donc de collecter davantage d’informations. Les mélanges de substances, appelés «cocktails», et leur comportement doivent aussi être pris en compte dans l’évaluation. L’évaluation et le processus d’homologation, ainsi que l’exécution et le contrôle, seront revus et adaptés aux objectifs: il en va de la protection de l’homme et de l’environnement.

[i] Commission européenne, Study for the Strategy for the Non-Toxic Environment, 2017, S. 123

[ii] EFSA, Scientific opinion on PFAS und Linking pollution and infectious disease, 2019

[iii] Environmental toxins impair immune system over multiple generations, Science Daily, 2. Oktober 2019

[iv] Eurostat, Eurobarometer, 2020

[v] «The EU’s chemicals strategy for sustainability towards a toxic-free environment», siehe: https://ec.europa.eu/environment/strategy/chemicals-strategy_en

[vi] Dans l’UE, toutes les substances chimiques sont enregistrées avant d’être utilisées dans les produits tels que les peintures, les matériaux de construction ou les cosmétiques. Le règlement REACH (Registration, Evaluation, Authorisation and Restriction of Chemicals) régule l’enregistrement. Mais la version actuelle du règlement souffre de nombreuses lacunes et est en retard sur l’évolution de l’industrie.

[vii] Questionnaire REACH, voir: https://news.wko.at/news/oesterreich/reach-fragebogen.pdf

La Suisse profite mais pourrait préparer le travail

Comme la Suisse s’appuie sur le droit européen en matière de produits chimiques, les améliorations apportées dans l’UE auront également des répercussions dans notre pays. C’est une bonne nouvelle. La mauvaise nouvelle: il faut beaucoup de temps pour que les améliorations soient perceptibles pour l’homme et la nature. La Suisse pourrait par exemple prendre les devants en ce qui concerne les pesticides et retirer les plus toxiques de la circulation.

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