Biodiversité faible dans les zones agricoles
15 avril 2024, le calme règne en cet après-midi de printemps au bord du lac de Sempach. On observe peu de papillons dans les bandes fleuries éparpillées entre les prairies et les champs cultivés de manière intensive. Il en va tout autrement sur le toit-terrasse végétalisé du Toni-Areal à Zurich, à 50 kilomètres de là. Différents insectes virevoltent autour des herbes, des arbustes et des petits arbres en fleurs.
Ce qui a été observé ici par hasard semble être devenu une tendance ces dernières années. Alors que la biodiversité a fortement diminué dans les zones rurales avec l’intensification de l’agriculture et la monotonie du paysage (agricole) – notamment en raison de l’utilisation de pesticides – les insectes ont trouvé de nouveaux habitats en ville. De même, l’offre florale est souvent plus riche en ville qu’en périphérie.[1]
Les données d’une étude de terrain menée en Bavière montrent que les populations d’insectes urbaines sont souvent plus petites (en termes de biomasse totale) que celles des zones rurales, mais qu’elles sont plus riches en espèces. 334 / 5.000 Übersetzungsergebnisse Übersetzung Ils abritent également un plus grand nombre d’espèces menacées.[2] Le déclin de la biodiversité sur les terres agricoles n’est pas seulement problématique du point de vue de la protection des espèces, mais aussi pour l’agriculture, car de nombreuses cultures dépendent de la pollinisation par les insectes (voir l’article du blog « Insectes pollinisateurs – petits héros en voie de disparition»).
Les infrastructures vertes améliorent la qualité de vie en ville
On ressent d’ores et déjà les effets du changement climatique dans les villes. En été, lorsque les températures dépassent les 30 degrés et qu’il ne pleut pas pendant plusieurs jours, la chaleur reste bloquée dans la ville. On parle d’effet d’îlot de chaleur.
Pour atténuer ce phénomène, la végétalisation de l’espace urbain est une aide précieuse. La végétation rafraîchit le microclimat urbain, d’une part en faisant de l’ombre, d’autre part en permettant l’évaporation de l’eau par les plantes. Pour réaliser l’évaporation, les plantes récupèrent de l’énergie dans l’air ambiant, ce qui entraîne un refroidissement local. Ce dernier peut atteindre plusieurs degrés et améliore ainsi le climat urbain.[3]
Les autres avantages de la végétalisation sont notamment la réduction des nuisances sonores et la fixation des polluants, ce qui améliore la qualité de l’air.[4] En outre, une infrastructure verte avec davantage de surfaces non étanchéifiées peut absorber une partie de l’eau en cas de fortes pluies. Cela permet de soulager le système d’évacuation des eaux usées et de réduire le risque d’inondation.
Une ville verte profite aussi bien aux êtres humains qu’aux insectes
Les infrastructures vertes comprennent les parcs publics, les bordures de route, les îlots de circulation et les arbres urbains, mais aussi les façades et les toits végétalisés, les jardins et les balcons privés. Une infrastructure verte améliore non seulement la qualité de vie des habitants de la ville, mais crée également une multitude de micro-habitats aux conditions pédologiques et climatiques différentes. Les communautés végétales riches en espèces et les insectes pollinisateurs qui en dépendent en bénéficient.[5],[6] Les façades végétalisées, par exemple, fournissent un habitat, un refuge et une source de nourriture pour les oiseaux, les papillons, les abeilles sauvages et d’autres espèces d’insectes.
En plus : les abeilles sauvages à Berlin
Avec 286 espèces recensées actuellement, Berlin est un hotspot de la diversité des abeilles sauvages. Or, plus de 40% de ces espèces d’abeilles sauvages figurent sur la liste rouge et sont menacées d’extinction. C’est pourquoi les autorités berlinoises en charge de l’environnement ont défini l’amélioration des aménagements floraux favorables aux abeilles comme l’une des principales mesures à prendre. La stratégie de promotion des abeilles sauvages comprend également une conférence annuelle intitulée « Mehr Bienen für Berlin – Berlin blüht auf » (Plus d’abeilles pour Berlin – Berlin s’épanouit), au cours de laquelle les stratégies d’autres villes sont également présentées.[7]
Tous les verts ne se valent pas
Les espèces indigènes sont particulièrement adaptées à la végétalisation extensive des zones urbaines, car elles offrent à la faune naturelle (comme les insectes pollinisateurs) un éventail alimentaire approprié et sont adaptées aux conditions climatiques locales. Pour cela, les espèces doivent pouvoir supporter l’alternance entre l’humidité et la sécheresse, ainsi qu’entre la chaleur et le gel.[8]
Les espèces de lierre, de vigne sauvage et de chèvrefeuille sont particulièrement précieuses du point de vue écologique animal.[9] Alors que les fleurs de lierre constituent une source de nourriture importante pour les abeilles sauvages, les syrphes et les papillons, les oiseaux comme les merles et les merles se nourrissent de ses fruits.
Tu veux toi aussi des plantes qui favorisent la pollinisation sur ton balcon ou dans ton jardin ?
Tu trouveras ici un guide (en allemand) de la station expérimentale d’horticulture de Heidelberg pour une plantation respectueuse des pollinisateurs dans les zones d’habitation, avec une fiche technique pour le choix des plantes.
La création de réseaux écologiques comme facteur clé
Le rayon de vol de nombreux insectes (pollinisateurs) se limite à quelques centaines de mètres. Il est donc important que les espaces verts individuels ne soient pas trop éloignés les uns des autres.[10] Cette mise en réseau permet des échanges génétiques et offre des possibilités alternatives si certains habitats se détériorent ou disparaissent en raison de constructions.[11] Sans liaisons entre elles, les petites surfaces isolées peuvent devenir des pièges pour les espèces qui ne peuvent pas se propager géographiquement. Cela augmente le risque de consanguinité et de déclin des populations.[12]En ville notamment, les habitats sont souvent éloignés les uns des autres et la densification des constructions peut encore accentuer le risque pour les populations. [13]
La préservation, la valorisation et la mise en réseau des espaces verts urbains sont donc cruciales, tant pour améliorer la qualité de vie des habitants que pour favoriser les insectes (pollinisateurs).[14]
Gare aux pesticides !
Les plantes en ville sont également exposées aux parasites (invasifs). Néanmoins, il est important de limiter au maximum l’utilisation de pesticides de synthèse en ville.
En quoi l’agriculture a malgré tout une responsabilité particulière
Des concepts de végétalisation de l’espace urbain sont élaborés et mis en œuvre dans de nombreuses villes. C’est une chance pour la biodiversité qu’il faut saisir dès maintenant. Il ne s’agit pas seulement de l’adaptation au changement climatique, mais aussi de la préservation et de la promotion de la biodiversité urbaine. Pour favoriser la pollinisation, plusieurs chercheurs recommandent de mieux prendre en compte les besoins des abeilles lors de la planification des espaces verts.[15] Les villes peuvent ainsi également contribuer à maintenir la pollinisation dans les zones agricoles environnantes en servant de réservoir de pollinisateurs.
Mais il ne fait aucun doute que des mesures efficaces sont également nécessaires pour promouvoir la biodiversité dans les zones agricoles. Que ce soit en créant des surfaces riches en fleurs, en réduisant les pesticides ou en adoptant des successions de cultures et des méthodes de culture qui préservent et favorisent la biodiversité. [16] En effet, l’agriculture a une responsabilité particulière en raison de son importance en terme de surface : les surfaces d’habitat et d’infrastructure représentent 8% de la superficie du pays, les surfaces agricoles 35%.
[1]https://zuerich.stadtwildtiere.ch/node/10523#:~:text=Bei%20StadtWildTiere%20Z%C3%BCrich%20besch%C3%A4ftigten%20wir,Kulturpflanzen%20auf%20best%C3%A4ubende%20Insekten%20angewiesen
[2] https://www.nature.com/articles/s41467-021-26181-3
[3] https://link.springer.com/book/10.1007/978-3-319-56091-5
[4] https://www.stadtgaertnerei.bs.ch/dam/jcr:18320817-b4ca-41e3-877e-e516ec215806/76_Merkblatt%20Fassadenbegruenung.pdf
[5] https://esajournals.onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/fee.2098
[6] https://www.researchgate.net/publication/338896261_Urban_areas_as_hotspots_for_bees_and_pollination_but_not_a_panacea_for_all_insects
[7] https://www.berlin.de/sen/uvk/natur-und-gruen/biologische-vielfalt/umsetzungsinitiativen/bestaeuberstrategie/#:~:text=Berlin%20hat%20eine%20Strategie%20f%C3%BCr,die%20Zusammenarbeit%20der%20relevanten%20Stakeholder.
[8] https://www.znf.uni-hamburg.de/media/documents/schuette/stadtgruen.pdf
[9] https://www.stadtgaertnerei.bs.ch/dam/jcr:18320817-b4ca-41e3-877e-e516ec215806/76_Merkblatt%20Fassadenbegruenung.pdf
[10] https://www.znf.uni-hamburg.de/media/documents/schuette/stadtgruen.pdf
[11] https://lvg.landwirtschaft-bw.de/pb/,Lde/Startseite/Projekte/Schutz+und+Foerderung+der+ biologischen+Vielfalt+in+der+Stadt+und+in+den+Gemeinden
[12] https://www.wsl.ch/de/news/was-es-braucht-damit-tiere-in-staedten-ueberleben-koennen/
[13] https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0169204619306693
[14] https://conbio.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/cobi.12840
[15] https://naturschutz.ch/news/forschung/bestaeubung-funktioniert-in-staedten-besser-als-auf-dem-land/142981