Le mauvais choix du poison

«Les mauvaises herbes» comme le trèfle blanc, le lierre terrestre ou la véronique, peuvent mettre à mal le gazon d'ornement. Ce terrible risque esthétique doit être combattu par tous les moyens, même avec des poisons dangereux pour l’homme et la nature.
mars 26, 2022
Georg Odermatt

S’il existait un prix pour le produit le plus stupide pour traiter la verdure devant sa propre porte, le gagnant s’appellerait «Selectox Royal P» – distribué entre autres par Coop. Il est vanté en tant qu’herbicide sélectif pour le gazon qui élimine toutes les plantes à larges feuilles de la pelouse, par exemple l’affreux trèfle blanc. Le trèfle blanc pourrait de plus attirer les abeilles dont les piqûres comptent parmi les plus grands dangers encourus par l’homme. Ironie mise à part: la nature et l’homme paie pour ce nettoyage «esthétique» car le Selectox Royal P menace les organismes vivants dans les eaux et pollue nos cours d’eau – et également notre eau potable. Le poison est soluble dans l’eau et peut donc tout à fait se retrouver dans un ruisseau, un lac ou une rivière.

Selectox Royal P contient du «MCPA» qui est toxique pour les organismes aquatiques. C’est surtout son produit de dégradation «MCP»[1] qui est très toxique pour ces derniers. Le Selectox Royal P contient également du «Mecoprop P», une substance active que l’on a retrouvée à plusieurs reprises dans les stations d’épuration des eaux usées et dans les eaux souterraines[2]. Il pollue ainsi notre eau potable dans laquelle il n’a certainement pas sa place. Une autre substance active est le «Dicamba». Le Dicamba s’évapore lorsque le temps est plus chaud[3] et se retrouve ainsi dans le potager voisin. De plus, le Dicamba est toxique pour les algues et les plantes aquatiques supérieures et est soupçonné de provoquer le cancer du foie et de la vésicule biliaire.[4]

L’utilisation de Selectox Royal P sur les gazons des jardins particuliers n’est ni utile pour l’esthétique, ni pour l’homme ou la nature, mais tout simplement stupide. L’utilisation de dangereux pesticides dans le domaine privé devrait être immédiatement interdite.

[1] https://en.wikipedia.org/wiki/MCPA (abgerufen: 21.3.2022)

[2] Monitoring_PSM_Rückstände_Grundwasser__Reinhardt_etal_2017

[3] https://de.wikipedia.org/wiki/Dicamba (abgerufen: 21.3.2022)

[4] Dicamba use and cancer incidence in the agricultural health study: an updated analysis, in: Int J Epidemiol, 2020 Aug 1;49(4):1326-1337, siehe: https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32357211/

One Health
L’utilisation des pesticides de synthèse est toujours trop élevée en Suisse. Les objectifs de réduction de la Confédération ne sont toujours pas atteints. Les problèmes liés à l’utilisation élevée de pesticides sont connus depuis des années: mise en danger de la biodiversité et risque pour la santé des personnes en contact prolongé avec différents pesticides de synthèse. Pour l’agriculture, un environnement préservé est une condition indispensable pour produire suffisamment de denrées alimentaires à l’avenir également et assurer la sécurité de l’approvisionnement.

La vision «One Health» de la FAO englobe la santé humaine, animale (domestique et sauvage) et environnementale. Ce concept holistique a été repris comme thème pour la 17e édition de la Semaine pour les alternatives aux pesticides qui se déroule du 20 au 30 mars 2022.

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