Trifluoracétate: la réponse préoccupante du Conseil fédéral

Selon une analyse de l’association sansPoison, l’acide trifluoroacétique (TFA) est largement présent dans les eaux suisses. Il est démontré que ces «produits chimiques éternels», qui ne se dégradent pas, se retrouve dans notre eau potable. La position du Conseil fédéral à ce sujet est particulièrement préoccupant.
septembre 17, 2021
Georg Odermatt

Avec une interpellation au Conseil fédéral, la conseillère nationale Ursula Schneider Schüttel demande des informations sur la gestion de ce qu’on appelle «forever chemicals» et notamment l’acide trifluoroacétique (TFA) [1]. Le Conseil fédéral a répondu que:
– TFA provient de différentes sources (agriculture, fluides frigorigènes, médicaments, mousses synthétiques, etc.),
– il ne sait rien sur l’importance relative des différentes sources,
– divers produits phytosanitaires (PPh) forment 45 métabolites qui peuvent se dégrader en TFA,
– TFA est, d’après l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) un métabolite (produits de dégradation) non pertinent, c’est-à-dire sans risque d’un point de vue toxicologique, sur la base d’études chroniques menées avec des rats,
– l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) tient compte d’un seuil règlementaire de 10 microgrammes par litre dans les eaux souterraines lors de la procédure d’homologation des PPh,
– le principe de précaution serait ainsi respecté.

Une réponse à très court terme

Dans sa réponse, le Conseil fédéral n’accorde aucune importance au risque d’accumulation de TFA dans l’environnement. Les substances chimiques contenant du TFA n’ont été libérées en grande quantité dans l’environnement que depuis 30 ans. Pour autant, les valeurs mesurées dans les eaux comme le lac de Morat atteignent déjà environ 1 microgramme par litre, comme l’a constaté l’association sansPoison ((Deep Link)). Au cours des prochaines décennies et des prochains siècles, la contamination des sols, des eaux et de l’eau potable va augmenter puisque la substance ne se dégrade jamais, ce qui lui vaut le nom de «forever chemical». Et nous en saurons peut-être plus sur les risques pour l’homme et l’environnement dans quelques temps. Les 10 microgrammes par litre seront probablement une réalité d’ici là. Et après? Qu’advient-il du TFA que la Suisse distribue généreusement aux pays voisins et aux océans du monde entier avec les eaux des ses fleuves le Rhône, le Rhin, l’Inn et le Tessin? Cela donne l’impression que la Confédération ne se soucie guère des prochaines générations. L’association sansPoison considère que ce n’est pas ainsi qu’on fait preuve du principe de précaution.

Alternatives au TFA

En tant que composant chimique des pesticides, le TFA peut être remplacé par d’autres substances dont l’effet est équivalent, mais qui se dégradent beaucoup plus rapidement. Il en va de même pour les médicaments. Par exemple, l’agent antidiabétique couramment utilisé «sitagliptine» contient du trifluoroacétate. Pourtant, ils existe de nombreux produits alternatifs qui s’en passent. Et pour la climatisation des voitures et des poids lourds, le dioxyde de carbone peut être utilisé comme réfrigérant.

[1] Interpellation Nr. 21.3873 de la conseillère nationale Ursula Schneider Schüttel: Substances actives et produits de dégradation homologués en Suisse. Quels sont ceux qui sont considérés comme des « produits chimiques éternels »? Link:  www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20213873

Analyse de l’association sansPoison de mai 2021

Et à ce propos: il serait aussi possible de passer à une agriculture biologique ou au moins sans pesticides, de moins utiliser la voiture et d’acheter moins de produits transportés de l’autre bout du monde avec beaucoup d’émissions polluantes.

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