Proposition lacunaire: poisons dangereux encore autorisés

L’Office fédéral de l'agriculture (OFAG) a mis en discussion une nouvelle exigence pour l’utilisation de pesticides par les agriculteurs qui bénéficient des paiements directs. Ils ne devraient plus être autorisés à utiliser certains pesticides particulièrement toxiques. Louable, mais malheureusement encore lacunaire, estime l’association sansPoison.
juillet 27, 2021
Georg Odermatt

La demande[i] est honorable parce qu’elle vise à interdire l’utilisation des substances les plus toxiques qui menacent les rivières, les lacs et les ruisseaux, mais aussi les eaux souterraines. En tout cas, les agriculteurstrices·trices subventionnés par nos impôts ne devraient plus les utiliser. Il ne s’agit pas que de quelques substances actives, même d’après l’Office fédéral de l’agriculture. La sélection des ces substances de pesticides se base sur le rapport d’Agroscope Nr. 106[ii] de septembre 2020. Mais la liste de l’OFAG est incomplète et des pesticides, qui ne sont même pas conformes aux réglementations en vigueur aujourd’hui car ils sont toxiques pour les poissons et les daphnies de manière inadmissible, continuent d’être autorisés. Ces substances actives sont: etofenprox, téfluthrine, emamectine benzoate et pirimicarbe. Il existe aussi le risque que ces poisons dangereux soient d’autant plus utilisés que d’autres sont (à juste titre) interdits. C’est pourquoi ils devraient être inscrits sur la liste légale: c’est ce que demande l’association sansPoison.

L’évaluation de la toxicité des substances pesticides prise en compte ne concerne que l’effet toxique sur les algues, les plantes aquatiques, les invertébrés et les poissons. Les champignons d’eau qui forment un système écologique avec les animaux et les plantes aquatiques, ont été totalement ignorés. Mais si des fongicides toxiques ont des effets néfastes sur les champignons d’eau, alors des animaux et des plantes aquatiques qui en dépendent en souffrent également. Le centre ecotox de l’EAWAG réclame également depuis des années que l’effet toxique sur les champignons d’eau fasse partie des critères d’autorisation, sans succès.

L’effet toxique sur les amphibiens reste tout aussi inconnu, alors que les amphibiens appartiennent aux espèces les plus menacées de Suisse. 80 % d’entre eux figurent sur la liste rouge. De nombreuses substances actives telles que les fongicides, mais aussi bon nombre d’herbicides, sont hautement toxiques pour les amphibiens. L’association sansPoison dénonce ces lacunes.

En outre, l’association sansPoison demande que la liste soit complétée avec des pesticides particulièrement toxiques pour les abeilles. Les données à cet effet sont déjà disponibles. Une chose est claire: les agriculteurstrices·trices qui reçoivent des subventions ne devraient pas être autorisés à utiliser des poisons qui détruisent notre biodiversité.

[i] nouvel Art. 18 al. 4 et Annexe 1, chiffre 6.1 de l’Ordonnance sur les paiements directs OPD

[ii] Rapport Agroscope Science Nr. 106, septembre 2020: Datengrundlage und Kriterien für eine Einschränkung der PSM-Auswahl im ÖLN

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