Agriculture toxique

De nombreux pesticides sont connus pour provoquer des maladies ou les aggraver, comme le cancer, la maladie de Parkinson ou la démence Alzheimer. Beaucoup de pesticides nuisent également à notre système hormonal. Pourtant les autorités ne veulent rien savoir.
mai 8, 2021
Georg Odermatt

En ce moment, des scientifiques discutent de la possibilité que des pesticides causent ou favorisent des maladies tumorales hormono-dépendantes du sein, de la prostate, des ovaires et des testicules, ainsi que des troubles de la reproduction. Les preuves s’accumulent. Les maladies thyroïdiennes, le diabète, la surcharge pondérale, des maladies respiratoires et des problèmes de peau peuvent également être provoqués ou renforcés par des substances actives des pesticides. Car ils sont partout. Ils sont détectés dans le sang, dans l’urine, dans le sang du cordon ombilical et même dans le lait maternel. En 2020, des chercheuses et chercheurs ont analysé l’urine de 30 personnes en Suisse et y ont trouvé entre 3 et 17 pesticides!

Principe de précaution pas respecté

L’autorité d’homologation prétend que les concentrations de pesticides régulièrement détectées dans les fruits et légumes ne présentent aucun danger pour le consommateur. Une étude épidémiologique publiée en octobre 2018 par les instituts français INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) et INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) montre que l’exposition chronique à des pesticides dans l’alimentation représente un vrai danger et que les consommateurs et consommatrices de produits bio ont moins de risques de développer un cancer. . Selon le principe de précaution, il conviendrait d’interdire immédiatement ces substances autorisées en cas de soupçon concret, et de ne pas en autoriser de nouvelles.

Si toxique en si petite quantité

Les quantités de pesticides que nous absorbons chaque jour semblent il est vrai insignifiantes, souvent des millièmes de grammes ou moins. Le problème est que justement de telles quantités agissent sur le système endocrinien. Les hormones prescrites par les médecins font de l’effet déjà à des doses de 1 microgramme par kilogramme de poids corporel. Les résidus de pesticides qui imitent les hormones sont autorisés à des concentrations beaucoup plus élevées. Leurs doses journalières autorisées vont de 1 à 1000 microgrammes par kilogramme. Cela signifie que nous mangeons et buvons des résidus de pesticides à des doses qui peuvent perturber notre santé. Conséquences: problèmes de fertilité, puberté précoce, cancers hormono-dépendants (cancer du sein, cancer de la prostate…). Cela inquiète les femmes enceintes car le fœtus est très sensible aux résidus de pesticides lors de la formation du cerveau et des organes sexuels.

La malformation de nos enfants

Il est prouvé scientifiquement que ces résidus, même à très faible dose, qui sont absorbés à travers le cordon ombilical ou plus tard par le lait maternel et l’alimentation, provoquent des atteintes à la santé irréversibles chez les enfants. Ils ont un impact négatif sur tous les organes et sont en partie responsables de malformations génitales chez les garçons, de puberté précoce chez les filles, de troubles du développement neurologique comme l’autisme et des troubles de l’attention, d’une baisse de la fertilité, de maladies dégénératives, digestives ou hépatiques et enfin de leucémies, de lymphomes et de cancers.

Et les jardiniers, jardinières, agriculteurs et agricultrices suisses?

Aux USA, des médecins ont prouvé qu’il y a deux ans, de nombreuses personnes atteintes de la maladie de Parkinson vivent à proximité immédiate de cultures de légumes qui sont traitées avec des pesticides toxiques. Concernant le paraquat (interdit en Suisse) et le mancozèbe (l’interdiction est exigée par la loi en Suisse mais n’est pas mise en œuvre), des scientifiques de Californie arrivent dans une étude à la conclusion qu’ils augmentent le risque de maladie de Parkinson. Le Dr. Sitthided Reymon est neurologue en Valais et a été cité dans le K-Tipp du 5 mai 2021: «Le nombre de maladies causées par les pesticides est probablement sous-estimé.» Il a remarqué que de nombreux jeunes patients atteints de Parkinson proviennent du Valais. Dans le sang de 33 patients et patientes chez qui d’autres facteurs de risque ne s’appliquaient pas, un véritable cocktail de pesticides a été trouvé, selon K-Tipp. La maladie de Parkinson est reconnue en France en tant que maladie professionnelle chez les agriculteurs et agricultrices. Aux États-Unis, plus de 13 000 agriculteurs et professionnels de l’entretien du paysage, qui avaient utilisé l’herbicide glyphosate et ont développé un cancer, ont déjà porté plainte contre l’entreprise Bayer/Monsanto. Dans quelques cas, ils ont obtenu déjà des millions de dollars de dommages et intérêts. Qu’en est-il des jardiniers, jardinières, agriculteurs et agricultrices en Suisse? Malheureusement, les autorités suisses ne collectent aucune donnée afin de déceler des corrélations entre les pesticides et les maladies, comme le constatait une étude du SECO (Secrétariat d’État à l’économie) déjà en 2017.

Vanté comme étant non toxique…

Le produit insecticide DDT a été mis en vente dans les années 1940 et 1950 avec l’attribut «non toxique» et «panacée» contre les insectes nuisibles, par exemple pour lutter contre les hannetons. Le hanneton a presque totalement disparu et le chimiste suisse Paul Hermann Müller a reçu le prix Nobel en 1947. Il est ensuite apparu que le DDT est stable pendant des décennies dans l’environnement, qu’il s’accumule dans les graisses des humains et des animaux, qu’il provoque des cancers et porte atteinte à la reproduction. Au début des années 1970, il a été interdit. Aujourd’hui encore, on retrouve du DDT et ses produits de dégradation dans le sol mais aussi chez les hommes dans le sang et le lait maternel.

… mais nocif très longtemps

Le chlorothalonil a été largement pulvérisé depuis les années 1970 contre les attaques fongiques dans les cultures arables et maraîchères. Selon l’autorité européenne de sécurité des aliments de l’UE (EFSA), le pesticide et ses produits de dégradation sont probablement cancérogènes. La Suisse a suivi l’UE et a interdit le chlorothalonil, notamment parce que ses produits de dégradation se disséminent dans l’eau souterraine et réapparaissent dans l’eau potable. Aujourd’hui, plus d’un million de personnes en Suisse boivent de l’eau ainsi contaminée. Et cela ne changera pas pendant encore des années: les produits de dégradation du chlorothalonil sont extrêmement persistants.

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