Pics de concentration toxique inattendus dans les cours d'eau

Depuis de nombreuses années, l’EAWAG mesure les concentrations de pesticides dans les eaux suisses. Jusqu’à présent, les scientifiques ont prélevé des échantillons d’eau sur une période de trois jours et demi et les ont mélangés. Ces échantillons mélangés n’ont pas pu relever de pics de concentrations qui ne durent que quelques minutes ou quelques heures. Dans le contenant de l’échantillon mélangé se déroule une forte dilution et seule la valeur moyenne sur les 3,5 jours se mesure.

Mesures «live»

En 2015, l’EAWAG a commencé le développement d’un nouvel appareil de mesures appelé «MS2Field» (Mass Spectrometer to Field). MS2Field peut prélever un échantillon d’eau toutes les 20 minutes et déterminer de suite la teneur en polluants en quelques minutes. L’année passée (2019) et sur mandat de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), l’EAWAG a pompé 10 000 échantillons de différents cours d’eau avec MS2Field et analyser leur teneur en pesticides.

Insecticide en concentrations extrêmement dangereuses pour la vie aquatique

Pour l’insecticide thiaclopride, qui est aujourd’hui largement pulvérisé contre les insectes nuisibles dans les cultures de fruits, de baies, de légumes, de pommes de terre, de colza et de céréales, la valeur ancrée dans l’ordonnance sur la protection des eaux, dont l’objectif est d’empêcher des atteintes aiguës, a été dépassée de beaucoup, même jusqu’à 30 fois. Les concentrations les plus élevées mesurées avec MS2Field et déterminées dans les échantillons mélangés, ont même dépassé les valeurs moyennes jusqu’à 170 fois pour de nombreux pesticides. C’est d’autant plus alarmant que même dans les échantillons mélangés, les valeurs limites et les concentrations létales pour les animaux aquatiques sont régulièrement dépassées. Les brefs pics de concentration de pesticides dans de petites rivières et de petits ruisseaux proches de surfaces agricoles menacent ainsi nos organismes aquatiques, avec des conséquences graves pour les poissons et tout l’écosystème. De nombreuses mesures confirment désormais ces résultats.