Tumeurs cérébrales chez les enfants: pesticides fortement suspectés

Dans la région viticole zurichoise et le Seeland bernois, plus d’enfants souffrent de tumeurs cérébrales que dans le reste de la Suisse. Dans les zones agricoles du canton de Zurich, le risque de tumeur cérébrale chez les enfants est même de 40 pourcent plus élevé, comme le révèle le dernier K-Tipp. Cause présumée: les pesticides.
octobre 5, 2020

Fausta Borsani

Le 14 juillet 2018, la courte vie de Max Kreuzer a pris fin. Il avait à peine 14 mois. Sept mois plus tard est décédé Leon Pasanen, qui avait huit ans. Les deux vivaient à Flaach, dans la région viticole zurichoise, et ces deux enfants sont morts d’une tumeur au cerveau..

Les tumeurs cérébrales sont rares chez les enfants
Les maladies tumorales au cerveau sont rares. Elles frappent environ 50 enfants par an en Suisse. Mais cela ne touche pas les enfants partout avec la même fréquence. C’est ce que montre une étude de l’Institut de médecine sociale et préventive de l’Université de Berne qui a paru en mai 2020. Les chercheurs et chercheuses ont analysé 1290 maladies tumorales au cerveau des registres des cancers chez les enfants. Et ce qu’ils ont découvert est effrayant: dans la région viticole zurichoise et le Seeland bernois, le nombre de cas est nettement plus élevé que la moyenne suisse (voir également l’illustration suivante tirée de l’étude citée ci-dessus Source: Konstantinoudis, G. et al., 2020).

Les zones en vert clair sur la carte montrent les deux zones à risque dans le canton de Zurich et le Seeland bernois. Le dégradé de couleur indique combien le risque de cancer est plus haut (ou plus bas) par rapport à la moyenne nationale. La valeur 1,2 signale p. ex. un risque de 20 % plus élevé..

Hotspots au cœur de l’agriculture intensive
Les deux hotspots de risques de tumeurs cérébrales se trouvent au cœur de régions agricoles exploitées intensivement. Cultures, vergers, vignobles et champs de légumes sont traités jusqu’à 20 fois par an avec des pesticides toxiques. Dans l’ensemble, les agriculteurs conventionnels recourent année après année à plus de mille tonnes de substances actives contre des maladies fongiques des plantes utiles, des insectes nuisibles et des mauvaises herbes, dont certains sont toxiques pour l’homme et l’animal même en très petite quantité.  Leurs résidus et leurs produits de dégradation (métabolites) se retrouvent largement répandus dans la nature, sur les denrées alimentaires, dans les eaux et même dans l’eau potable. En Suisse, on voit à la teneur en produits de dégradation dans l’eau souterraine là où le plus de pesticides sont utilisés (voir aussi illustration suivante, Source: Naqua, 2019).

Les pesticides en cause?
La corrélation géographique entre le risque accru de tumeur cérébrale et l’utilisation agricole intensive suggère une relation entre les pesticides et le risque de tumeur cérébrale. Pour les chercheurs et chercheuses de l’étude de l’Université de Berne au niveau national, les pesticides sont ainsi également une explication possible du risque accru de cancer. Et le toxicologue allemand Peter Clausing confirme que les résidus de pesticides peuvent être des déclencheurs pour les tumeurs cérébrales. « Une corrélation entre les tumeurs cérébrales et les pesticides cancérogènes a été montrée dans la littérature scientifique », explique-t-il. M. Clausing a travaillé pour une entreprise pharmaceutique et pour la Food and Drug Administration (autorité compétente en matière de produits alimentaires et de médicaments) aux Etats-Unis.

Loin de la régio nà risque
En ce qui concerne le hotspot de la région viticole zurichoise, pour Robert Pasanen, naturaliste et père de l’enfant décédé Leon, c’est évident: les raisons du décès de son fils sont avant tout à chercher dans les résidus de pesticides de l’eau potable. Car le nombre des tumeurs cérébrales d’enfants malades dans la région est visiblement élevé, comme l’ont découvert les familles Pasanen et Kreuzer. Rien qu’entre 2017 et 2019, trois années durant lesquelles des enfants ont également succombé, elles ont eu connaissance de six cas au total dans les environs. La plupart de ces enfants sont décédés de tumeurs au cerveau. La disparition de leur propre enfant est douloureuse. L’inquiétude d’autres pertes est omniprésente. La famille Pasanen s’est éloignée de la « zone de danger » que représente la région viticole zurichoise.

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