8 juin 2020
Fausta Borsani
La lambda-cyhalothrine est l’un des pesticides les plus puissants que les agriculteurs et agricultrices, mais également les personnes privées, sont autorisés à utiliser. Elle agit à grande échelle contre les insectes, les araignées, les poissons et les crabes. De graves contaminations des eaux se produisent régulièrement avec cette substance. Un agriculteur de Rudolfingen (ZH) a par exemple vidé en automne 2018 sa cuve de pulvérisation et ses restes dans un ruisseau. Des milliers d’écrevisses et plein d’autres vies animales sont ainsi mortes sur de nombreux kilomètres du cours d’eau sans que la presse ne le remarque.
100 mètres de ruisseau empoisonnés par un petit grain
Un grain de sucre pèse 0,1 milligramme. Une telle quantité de lambda-cyhalothrine peut empoisonner un cours d’eau sur une longueur de 100 mètres. La quantité d’un morceau de sucre suffit même pour 5’000 kilomètres. C’est plus que l’ensemble des ruisseaux du canton de Zurich.
Même si le vaporisateur indique que le pesticide peut être utilisé sur le balcon et la terrasse, il peut être entraîné par la prochaine pluie dans le jardin, l’emplacement devant la maison ou dans les eaux. Et comme aucune interdiction n’est visible, il est aussi pulvérisé allègrement sur les pelouses et le jardin potager. Il y agit à coup sûr, et seulement contre les fourmis: environ 460 espèces d’abeilles sauvages – donc la grande majorité – bâtissent leur nid dans le sol. Si le poison contre les fourmis s’y infiltre, les abeilles et leur progéniture meurent. De nombreuses abeilles sauvages se trouvent aujourd’hui au bord de l’extinction.
Fourmis et ovaires
Il est connu depuis longtemps que la lambda-cyhalothrine perturbe le système hormonal et porte ainsi atteinte à la reproduction, à la croissance, au développement, au comportement etc.
Une étude de 2018 a en plus établi que la substance altère la fonction sexuelle et la fertilité des femelles dans les expériences sur des rats (elle n’a pas été testée sur l’homme)[1]. Des modifications négatives dans les ovaires ont de plus été constatées. D’après la notice d’utilisation, le poison contre les fourmis peut être utilisé « dans et autour de la maison » et donc aussi dans la maison. Les femmes veulent-elles vraiment prendre ce risque?
De vrais actes plutôt que des paroles!
« Des paroles aux actes », c’est avec ce slogan que Coop se met en avant. Et pourquoi pas retirer du marché les poisons contre les fourmis et promouvoir des méthodes sans poison contre les fourmis indésirables ? Il en existe beaucoup[2]. Celui qui en a envie peut le communiquer à la Coop ici.
[1] Rini Ghosh et al, Antigonadal and Endocrine-Disrupting Activities of Lambda Cyhalothrin in Female Rats and Its Attenuation by Taurine, in: Toxicol Ind Health, 2018 Mar;34(3):146-157. (https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29506456/).
[2] Voir par exemple: Chasser les fourmis de la maison sans pesticides ou Astuces naturelles pour se débarrasser des fourmis