Le principe de précaution est très important pour la santé de la population suisse. Image symbolique: Pixabay

L'essentiel en bref:

Syngenta agit de manière irresponsable

Le 11 décembre 2019, les autorités suisses ont retiré l'autorisation pour les produits contenant la substance active fongicide chlorothalonil. Toutefois, le délai de recours n'expirera pas avant la fin du mois de janvier. Syngenta a maintenant déposé un recours en temps voulu devant le Tribunal administratif fédéral. Cela montre la mauvaise foi totale du géant de la chimie.
janvier 30, 2020
Georg Odermatt

Rappelons que le pesticide chlorothalonil et ses produits de dégradation peuvent être mesurés dans l’eau potable à des concentrations bien supérieures à la valeur limite (de 0,1 microgramme par litre). La Commission européenne classe la substance comme « probablement cancérogène ». Elle se retrouve par conséquent également dans la classe la plus élevée des substances cancérogènes ( dite 1B)!  On en sait trop peu sur ses produits de dégradation et sur ses interactions avec d’autres toxines. Après les mauvaises nouvelles concernant l’eau potable, l’industrie a présenté de nouvelles données sur la toxicité de certains produits de dégradation. Leur examen par l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) a en outre révélé qu’il ne pouvait pas être exclu que certains produits de dégradation de ce fongicide puissent avoir des effets négatifs à long terme sur la santé humaine. De plus, l’OSAV partage également l’analyse européenne selon laquelle le chlorothalonil appartient à la classe 1B des substances cancérogènes. Dans un tel cas, la concentration de chaque produit de dégradation dans l’eau potable ne doit pas dépasser la valeur limite de 0,1 microgramme par litre, car il existe un risque fondé que les produits de dégradation soient également cancérogènes.

De l’eau contaminée bue par un demi-million

Important: le nombre de personnes qui sont obligées de boire de l’eau contenant des concentrations excessives de produits de dégradation du chlorothalonil, risque de dépasser le demi-million en Suisse! La chose la plus sensée qu’une autorité puisse faire dans ce cas est d’interdire rapidement cette substance afin qu’elle ne continue pas à pénétrer dans les eaux souterraines et l’eau potable. Cela serait conforme au principe de précaution établi dans la législation relative aux produits phytosanitaires. Selon ce principe, « les effets qui pourraient devenir nuisibles ou incommodantes seront réduites à titre préventif et assez tôt ». Le principe de précaution est très important pour la santé de la population suisse.

De mauvaise foi

Pourtant la multinationale agrochimique Syngenta veut quand même obtenir l’annulation de la décision. L’objectif est également de lutter contre la façon dont les autorités ordonnent le retrait de l’agrément. Il est intéressant de noter que Syngenta n’a rien fait au sujet de l’interdiction parallèle du chlorothalonil dans l’UE. La multinationale s’attend-elle à ce que la protection de la santé humaine ait moins de poids en Suisse que dans l’UE?

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